culture BLEAU

Dans ces pages vous trouverez quelques textes consacrés au Bleau des grimpeurs. Plus précisément une bibliographie, des témoignages, des rétrospectives, des chroniques, des récits, etc, pour le peu que nous arrivions à distinguer les différences objectives entre ces genres.   Nous savons que sur écran, à plus forte raison lorsqu'il est petit comme ceux qu'on a en poche, seulement un lecteur sur dix parviendra à consacrer plus de deux minutes à parcourir un texte avant de l'abandonner, de sorte, que très peu de personne iront au point final de la plupart des écrits proposés. C’est ainsi avec le numérique, mais cela n’annule pas le plaisir de parler de Bleau, d'une manière ou d'une autre.

Cette rubrique présente les topo-guides d'escalade et de randonnée, ainsi que des publications naturalistes et les ouvrages descriptifs et historiques sur la forêt de Fontainebleau.

Une histoire originale de l'escalade à Bleau de la préhistoire à nos jours qui prend son temps pour avancer dans le temps... 

Au point que l'on peut se demander - mais quand l'histoire de l'escalade  va-t-elle commencer ? - 

FAUTE DE TÉMOIN ! 

Combien j’aurais aimé entendre « les anciens » raconter leur Bleau. Combien j’aurais aimé apprendre de leur voix comment ils appréhendaient l’escalade en bloc autrefois. Par exemple, puisqu'ils en avaient forcement une, j'aurais aimé qu'ils me disent quelle était la finalité de leur pratique. Car aujourd’hui, certains « historiens », nous disent, avec la certitude des cartomanciennes qui lisent l’avenir, bien des choses sur leur pratique : en l’occurrence que les anciens grimpaient le bloc, faute de mieux dans le coin, pour s’entraîner à la montagne. Mais peut-on se suffire de cette affirmation dix fois rabâchée ? Je ne pense pas ! Lorsque j’ai commencé l’escalade en 1973, la destination du grimpeur était clairement montrée : la montagne. C’est là que les néophytes persévérants  auraient à aller l’été suivant, vers ce royaume lointain. Pourtant, lorsque que nous allions à Bleau, nous n’y pensions guère à la montagne, nous pensions à l’escalade de la même manière qu’aujourd’hui. D'ailleurs la plupart de mes compagnons d'escalade d'alors, n'allaient en montagne que pour randonner et skier. Bref, ils n'étaient en rien des alpinistes.  Alors que faisaient-ils à Bleau ou en falaise s'ils ne s’entraînaient pas pour faire de l'alpinisme ? De l'escalade parbleu ! De l'escalade plaisir ou sportive suivant leur humeur et leur forme. Pour les autres, c'est à dire mes compagnons de cordée « tout terrain » étaient aussi des grimpeurs de petits blocs à part entière. C'est à dire, ils pratiquaient l'escalade en bloc avec la même passion, le même plaisir qu’ils y mettaient dans une ascension en montagne. Du moins ceux que j'ai connu, car il y avait aussi des grimpeurs pour qui les blocs à Bleau n'étaient qu'agrès préparatoires à la Montagne. Il n'y a donc pas de vérité tranchée là-dessus. 

      Quand j'ai commencé, toutes ces activités alpines n’étaient pas séparées comme on le fait aujourd’hui comme si on voulait décomplexer ceux qui font de l’escalade sans aller à en faire en montagne. La distinction n’est pas gestuel ou dans l’apte de grimper, la distinction est culturelle, psychologique, géographique, sociale, mondaine même. Aussi je doute de ce que ces certains érudits avancent. De plus, dès qu’on leur demande de nous présenter leurs pièces à conviction, qu'on leur demande de voir ou entendre les témoignages des anciens qu'ils auraient recueillis, pour être à ce point à l'aise pour nous raconter comment ils appréhendaient escalade, et bien jamais ils ne nous répondent....

    Si je me mets à songer à la pratique des anciens, c’est aussi qu’il n’est pas déplaisant de se mettre à la place d’un Patrick Cordier ou d’un Jacques Reppelin arrivant dans les Gorges de Franchard pour « ouvrir » et tracer leurs fameuses pistes, il y a plus de cinquante ans de cela. De marcher sur leurs pas, tout en essayant d’imaginer quelle fut leur impression lorsqu’ils ont découvert ces terrains pratiquement vierges, un Isatis et une Cuisinière où tout était a inventer... Dans mon errance rêveuse, je les vois ces hommes, comme des Christophe Colomb arrivant sur le rivage d’un monde merveilleux, dont ils ne pouvaient d’emblée appréhender, soupçonner même, toutes les possibilités de conquête, mais où ils ont eu le privilège de tout commencer. Si bien que ce qu’il adviendra après eux ne sera que la suite logique de ce qu’ils ont « ouvert ». C'est ça un pionnier.

        C’est peut-être à cause de leur étiquette d'alpiniste, qu’on les relaye, comme sans faire exprès, à un passé sans incidence sur ce qu'est l’escalade d’aujourd’hui, en les jetant presque dans les oubliettes de la petite histoire bleausarde comme si n'avaient pas comptés dans l'évolution de l'escalade sportive à Bleau. Bien entendu, comparer la découverte du massif de la Cuisinière et d’Isatis par quelques citadins en mal des hauteurs, à celle des Amériques par les européens, peut porter à sourire, même agacer. Mais on peut aussi voir en cette amusante comparaison, une manière de grossir les détails, un peu comme le fait une carte du monde dans un atlas qui représente en miniature un réel impossible à voir dans sa globalité en vraie grandeur. Car jamais, on ne verra mieux les contours des pays que sur une carte. C’est pourquoi il n’est pas idiot de comparer une carte de vingt centimètres de haut, au vrai monde, et un Patrick, un Pierre ou un Jacques à un Christophe… Des révélateurs de monde. 

 Maintenant, il est que je vous dis où je veux en venir avec toutes ces considérations mises en chapelet, c'est que j'aimerai que ça soit un peu ceux qui ont vécu un peu le passé bleausard qui les me mettent eux-mêmes en mots. Et pas ceux qui en savent peu pour une fois.

Pepito