D'où viennent les Infos

Dominique et Jean-Jacques Naels

Suite aux affirmations que j'ai pu lire et entendre concernant les sources et l'authenticité des informations, qu'elles soient littérales ou schématiques, que l'on trouve sur les sites et les divers topos publiées par les uns et les autres, j'ai pensé qu'il serait bon en tant qu'auteur que j'en dise ce qui en est vraiment, autrement dit qui informe et comment s'informe les auteurs de topos-guide sur les escalade.

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Cette affirmation pour surprendre le lecteur, mais l'on peut très bien réaliser un topo complet sans que l'auteur soit à l'origine des informations qui diffuse. En effet, la plus grande partie des informations que nous plaçons dans nos ouvrages, en particulier sur les voies et les transformations de pistes récentes, nous dépendons de ce que les ouvreurs et les peintres en piste veulent bien en dire de leurs réalisations, en particulier de ce que les uns et les autres produisent et diffusent de documents pour nous informer ; que ça soit sous forme d'un schéma plus ou moins élaborés ou d'un descriptif comme envoyé aux Webmasters, du célèbre site Bleau-info par exemple.

Et ce que j'avance, est également vrai pour un ouvrage tel que Au Grès des Trois Pignons qui vient de paraître, alors que de par mon activité à Bleau, je suis en mesure de donner des informations de « première main », autrement dit « inédites ». Il semble même qu'être la source première des informations que l'on publie a son inconvénient (1).

Ce qui signifie, qu'il n'est pas nécessaire d'être partie prenantes de l’équipement et de la maintenance du terrain jeu pour réaliser un topo. Il suffit de récolter les documents originaux, produits ponctuellement par les ouvreurs et acquérir les précédentes publications pour commencer à travailler sur sa publication à la maison.

Ce schéma donné par l'ouvreur sur ses jeux a sans doute permis aux topotistes et aux webmaster des sites de donner à leurs lecteurs une description précise des différentes traversées.

Stratégie de travail que tous les auteurs de topos adoptent lorsqu'il existe une abondante publication plus ou moins ancienne et des sites référents comme Bleau-info donc la fonction principale et de récolter et diffuser les informations fraîchement reçues des ouvreurs (2), car sans cela ils n'y auraient pas tant de concurrents. Et comme tous ces auteurs de topos, j'ai pu récolter ces information et les documents de première main, et commencé à travailler à la maison… Et je ne vous dit pas le foutoir sur les bureaux, les informations qui ne concordent pas et les erreurs universelles transmissent de sites à topos, de topos en sites, de topos à topos et de sites en sites. J'ai même vu des topos récents dont trente pour cent des infos sur les escalades étaient erronées et parler de pistes qui n'existent plus depuis vingt ans et qui pourtant ce sont bien vendus à ma grande surprise. Aurait-on raison de se moquer des acheteurs ?

Pour s'en sortir de ce fatras, par bonheur j'ai au hasard la possibilité de me rendre sur les lieux des litiges... Et comme je demeure pas loin des rochers, cinq cent mètres pour le site le plus près, je peux même, au fus et à mesure que les informations sont diffusées par les ouvreurs, me rendre à tout moment de l’année, sur les terrains de jeux pour traiter de visu les informations et contrôler tout ce qui doit être contrôlé : c'est à dire chaque donnée (3).

En fait, à chaque fois qu’il y a de nouveaux blocs, un nouveau circuit ou des circuits profondément transformés, cela impose autant de fois aux auteurs de topos de se rendre sur place pour vérifier et effectuer un relevé de blocs, ou encore, compléter et corriger un ancien relevé. Car en général les données sur les voies sont accompagnées d'une localisation sur un relevé de blocs vu en élévation (Qui sont en réalité, l'image approximative de l'arrangements probable des blocs comme aperçu de haut alors qu'ils sont dessiné au jugé et à l'estime de plein pied : voir L'art du schéma).

Pour chacun des sites, une fois les schémas mis au propres, et la saisie de infos effectués prêt à être imprimer : est-ce le travail du topotiste est achevé, fini définitivement ?

- Non, jamais ! Il faudra revenir, à un moment ou un autre, à cause de nouvelles ouvertures, d’un circuit repeint, d’infos plus précises… Car Bleau c’est Bleau : toujours en action, à chaque semaine son lot de nouveautés, à chaque mois sa piste repeinte et transformée. Faire le topo d’un site d’escalade, ce n’est pas un travail de deux ou trois semaines, c’est un travail qui se fait en permanence et dans la durée, tout au long de l’année. De sorte que quand on publie un topo comme « Au Grès des Trois Pignons », on a malgré tout le sentiment d’un travail inachevé, qu’il faudrait encore attendre les dernières nouvelles avant de l'envoyer à l'imprimeur…

En conclusion de quoi, si on n’est pas constamment sur place, faire un topo uniquement de son propre travail sur le terrain, c’est impossible ! C’est impossible, même en venant quelques semaines avant chaque édition, car il faut y consacré simplement des centaines d’heures de travail minutieux (4). En conclusion, jamais, je ne pourrais croire, demeurant loin de Bleau, qu’un auteur de topo puisse faire le même travail qu’un auteur du cru qui demeure sur place. Car en plus, il se trouve, en ce qui me concerne, j’ai peine à suivre le rythme des ouvreurs tant ils produisent. Voilà ce qu’il faut savoir… Oui, qu’il n’en déplaise à ceux que ça crispes, comme je suis sur place, et que j’y consacre du temps et de l’énergie, je peux faire et je fais « sans m’inspirer » d’aucun topo commercial existant. Aussi, je sais pertinemment à cause de cela que mes topos ont toujours une longueur d’avance sur les suivants, et ils sont nécessaires aux suivants, en dépit de ses coquilles que je retrouve parfois dans les topos suivant… Autrement dit, je n’ai aucun doute là dessus, « Au grès des Trois Pignons » a été à sa sortie la référence « temporaire » des topos à venir traitants les trois Pignons. (5) C’est un fait prouvable, dont un peu plus qu'une certitude…

Quelques années plus tard, en 2014 exactement ce circuit sera repris après une période d'abandon et à cette occasion un autre relevé sera effectué sans aucunement se référer au précédent, et voilà que nous nous retrouvons là avec deux relevés très différents alors que ce sont les mêmes rochers qui sont représentés. - Quel est le plus exact ?

Il y a aussi les topos fantaisistes et les topos anciens qui sont parfois à tord négligés des topotistes moderne. Qui a retenu les noms de la Voie de Grattons et de la Voie Lepiney sur la Dame Jeanne. Beaucoup de noms anciens on été remplacés parce qu'on a délaissé les anciens documents.

Oui, ne soyons pas injuste : avant de donner son opinion, même de choisir, il faut considérer attentivement les deux principaux aspects d’un topo : il y a le contenu : les informations, le volume, la justesse, la pertinence, la précision... (Là, nous sommes les mieux placés pour l'obtenir comme je l’ai expliqué plus haut). Et il y a le contenant : le livre lui-même. (Et là, les Jingo sont les meilleurs et de très loin). Après, il y a d’autres considérations possibles « hors topo » : l'engagement des auteurs sur le terrain, leurs présences lors des campagnes de maintenant, d’anti-érosion, de nettoyage, à la diffusion gratuite d’informations. (Je sais que ça dépasse l’entendement des détracteurs professionnels, de voir que les deux principaux acteurs de la diffusion de topos à compte d’auteur, aient chacun un site d’informations que chacun peu profiter gratuitement sans avoir besoin de s'offrir un topo-guide. Ça leur semble, à la fois idiot et illogique. Car dans leurs esprits pratiques, c’est se faire concurrence contre et à soi-même. Comme, ils leur paraient abusif qu’un « bénévole », ne le soit pas totalement, en « monnayant des topos » selon leur expression.

Voila un exemple de topo d'ouvreur fait main, et même si le topotiste dû élaborer un relevé de bloc plus précis, s'il lui été possible de consacrer une page ou deux à ces voies nouvelles c'est d'abord grâce ce document d'information de base que l'ouvreur a bien voulu communiquer.

Pour en finir avec les critiques des topos : quel qu’il soit : si le topo est soigné, le contenu en accord avec le terrain (à quelques erreurs près), et bien il n'y a pas de raison de ne pas le « soutenir » : de plus, c’est du libre arbitre et de la réflexion propre « du client » de préférer ou pas les topos des actifs. Le problème, c'est qu'il y a des topos récents, bien ficelés et en couleur, qui parlent de pistes qui n’existent plus depuis 15 ou 20 ans, à ne pas connaitre les réalités du terrain. (Sur le pire d’entre eux : il y a un tiers du topo qui est de la récupération de vieux schémas de pistes, perdues sous la mousse : bonjour quand t’arrives ! J’estime que là, il y a tromperie par les auteurs. Et il me semble que les critiques qui donnent à l’estime des avis favorable sans avoir vu et analysé le produit, trompent également les grimpeurs. De la même manière, qu’« Au Grès des Trois Pignons » a été déconsidéré sans qu’il fût besoin de le voir. Critique impartial : ce n’est pas sérieux.

Puis il y a la mine : les fiches circuits publiés dans les revues, les plus célèbres et les plus abondants étant celles éditées dans la revue du CAF , Paris-Chamonix et réalisées pour la plupart par Oleg Sokolsky. En effet, les topotistes doivent beaucoup à ces fiches même s'ils ne les ont pas utilisé directement. (Ceci dit, les données pour réaliser cette fiche ont été apportées par le créateur du circuit Jean Pillot, son élaborateur s'étant là retrouvé dans la situation des auteurs de topos...).


  • (1) C'est ainsi avec les critiques diffusées comme ça, sans réfléchir, sans sens critique en fin de compte. La sortie du nouveau fascicule sur les escalades des Trois Pignons, a été prétexte à divers reproches, concernant à la fois nos « publications incontrôlés », et notre « manière de faire nos petites affaires ». Mais comme ce n’était pas sure, pour dire ces « vérités qui blesses » échafaudées à partir de suppositions incertaines, les tribuns ont usés de périphrases hasardeuses escomptant que le lecteur les comprendraient, tout en se gardant la possibilité de dire : « on n’a pas dit ça, s’il y en a qui les comprennent comme ça, c’est sans doute qu’il y a une raison ». En effet, on nous dit qu’avec toutes les manœuvres qu’ont subies les circuits ces derniers mois, on pouvait se douter que cet acharné du balisage allait inévitablement sortir un topo avec des infos inédites... La suite laissant entendre que j'aurais calculé pour rendre en même temps les autres topos obsolètes pour mieux mettre en place le mien... Oui, évidemment, ça à l’air pertinent mais en réalité, c'est simplement que j'ai repris auparavant quelques circuits en grande partie inutilisables parce que je n'ai pas voulu en parler comme s'ils avaient été en bon état (ou en faire l'impasse)... C'est vrai que l'on ne peut soupçonner les autres auteurs de calcul... puisqu'ils n'invertissent ni temps ni argent à la maintenant du terrain de jeu dont ils vantent l’intérêt dans leurs ouvrages.

  • (2) Là c'est subtil, comme le premier a besoin de second pour rendre " visible à tous " l'information qu'il souhaite faire passer, il arrive que le second pense que l'information vient de lui et qu'il peut la transmettre et la transformer comme bon lui semble sans s'occuper de l'avis de celui qui en est réellement la source. Nous avons été tous été soumis un jour ou l'autre à cette sorte de dictature de celui qui détient la clé de la diffusion des infos. En effet, je pense rien et je fais des fiches semble être le principe mécanique de cet émetteur en réception de nos infos.

  • (3) Quand nous avons travaillé du Sept à Plus avec Sébastien Frigault nous avons mit un point d'honneur à vérifier chacune des information reçues en nous rendant sur place, chercher la précision pour que chacun trouve les blocs et les voies ainsi que les traversées et nous avons choisi un format qui permettait d'être précis. Et bizarrement cette recherche de précision à desservi notre ouvrage comme celui de parler des traversées.

  • (4) Il s’agit bien d’un ancien relevé et qu’importe sur quel document où il se trouve… Un ancien relevé, comme son nom l’indique, c’est un relevé topographique fait concrètement avec plus ou moins de précisions à partir de la réalité du terrain. A noter, qu’il est courant de confondre le document sur lequel figure le relevé, et le travail du relevé proprement dit. Là aussi, c'est si subtil que l’on peut penser que les auteurs des topos sont concrètement les auteurs des relevés de blocs qu’ils ont publiés. Loin de là, sur la majorité des pages sur lesquelles figurent un schéma, les auteurs même s’il y mette parfois leur griffe, ne sont pas concrètement les auteurs du relevé, en clair celui qui a fait ce travail. Or, faire les relevés de blocs est la part la plus délicate et la plus difficile du travail du topotiste. Une autre subtilité qui s’avère être injuste pour les auteurs « anonymes » des relevés de blocs, c’est que le copyright est pour le document publié, et non pas pour le travail concret sur le terrain. Et pourtant, c’est ce travail qui est le plus long et le plus difficile dans la part du document publié. A propos de cette précision, on peut évidemment affirmer que l’on peut être auteur de topos sans jamais avoir fait soi-même, le moindre relevé complet d’un massif.

C’est possible en effet. Bref, chaque auteur de topo sait ce qui a fait ou pas comme relevé sur le terrain, comme chaque auteur de topo sait ce qu’il doit a ceux qui ont fait concrètement les relevés sur le terrain, ou qui les ont complétés, corrigés avant eux. En réalité, beaucoup de schémas sont le produit de plusieurs « auteurs » si bien que, le ou les relevés initiaux ne se « ressemblent » plus. Imaginer un mur en brique réalisé par deux ou trois maçons : - A qui doit-on donner le mérite du travail, à celui qui a posé la première pierre ou a celui qui à posé la dernière ! Pas seulement. On en est là. J’ai utilisé le travail d’autres, souvent avec leur accord, et comme j’ai tout de même réalisé beaucoup de relevés sur le terrain, vraiment beaucoup, immanquablement, d’autres auteurs de topos ont utilisé mon travail. Ce qui fait que certains auteurs m’ont offert leurs topos avec une dédicace, c'est bien une manière de reconnaître que pas tout vient d’eux : c'est plutôt honnête.

  • (4) Même un amoureux de Bleau comme mon ami Bart qui se coltine des milliers de kilomètres par an pour être un maximum de temps dans notre chère forêt, et en revenir inlassablement avec des annotations sur ses propre documents et des relevés de blocs maison, n'a pu réaliser ses topos sans l'aide des locaux pour l'informer, lui envoyer des précisions et des correctifs.