06 - les Lumières et les Glacières, de nature à tout un poème

Il est temps que nous abandonnions les mers du Sud et que nous allions arpenter à présent nos chères montagnes. Mais commençons à les parcourir quelques années avant la première ascension du Mont Blanc ; soit à une époque où les Alpes demeuraient mal connues du point de vue de la connaissance, alors que nul n'ignorait leur existence, puisque de loin, même des hauteurs de Dijon, on pouvait apercevoir la masse blanche du massif du Mont Blanc bien mieux qu'aujourd'hui. Oui, bien qu'omniprésentes, les Alpes étaient considérées par les voyageurs comme un obstacle ennuyeux qui les obligeait à un long détour pour se rendre en l’Italie. En effet, encore début au XVIIIème siècle, alors qu’occident était en train d’achever son exploration du monde, le pays des glacières était encore quasi inexploré et redouté autant que l'on avait peu d'estime pour les pauvres rustres qui les peuplaient, que les voyageurs n’aimaient guère s’y rendre. De fait, les chemins y étaient incommodes, les cols y étaient trop hauts et le froid trop vif ; sans compter qu’il fallait consacrer pas moins de trois jours pour se rendre dans les vallées les plus reculées. Aussi, à part les prêtres, les régisseurs de toutes sortes, les marchands, les militaires, dont les archives témoignent qu’on se disputait tour à tour l'appartenance de la Savoie entre nations voisines, personne ne s’y rendait de bon cœur sans un bon motif (1).


Une des plus anciennes représentations des Alpes que nous connaissons, est une vue des montagnes au dessus du Lac Léman, sur un tableau du peintre Konrad Witz de 1444, et qui s'intitule : La pêche Miraculeuse. (Vue partielle du tableau : source Wikipédia).

D’autant que ceux qui revenaient du pays des glacières, en faisaient des récits qui n’encourageaient guère à la villégiature. Les rares témoignages de voyageurs que nous avons trouvés convergent tous pour dénoncer les dangers, l’insécurité, l’inconfort et les souffrances de l’effort et du climat. Enfin tout ce qu’il fallait pour maintenir au-delà des monts le sentiment d’une nature hostile. La citation suivante, qui date de 1587, et relatant un déplacement dans les régions des montagnes, donne un aperçu des anecdotes pittoresques qui circulaient entre les moines. « La glace des glacières est parfois fendues de profondes crevasses qui en se fendant fait un si grand bruit que l’on dirait un coup de tonnerre… Les paysans qui sont contraints de passer sur la glace, quoiqu’ils portent aux pieds des grappes d’acier pour se cramponner, quelques-uns tombent dans les fentes »… Cette autre, antérieure, tout aussi désespérée : « J’avais grand peur, je voyais de grands vautours au dessus de moi et j’appréhendais qu’ils ne m’enlevasses comme ils enlèvent quelques fois les enfants ou les agneaux ». De même qu’à l’époque de Louis XV, on en était encore à colporter des sornettes : que « les Alpes étaient d’horribles monticules » ; « des impuretés de la création » ; de la « boue séchée charriée par le déluge », d’où on ne voyait, que « précipices affreux qui gelaient d’épouvante les âmes les plus fermes ». Et pour ceux qui avaient un défaut d’imagination, on leur disait que les glacières étaient « un lieu maudit dans lequel règnes des créatures cruelles (2), d’où seuls des hommes bien armés pouvaient espérer revenir… ». En 1669, l’évêque de Genève, Charles de Sales est venu à Chamouni exorciser les montagnes de glace suite à une brutale avancée des glacières, elle-même déclenchée à cause du « froid dans la vraie foi ». J’ajouterais à titre personnel qu’il m’étonnerait pas que l’on dise que le clergé ne se résignait pas à abandonner le diable dans les abîmes des glaciers, car il n’était pas mauvais, afin de pourvoir remplir la panse gourmande d’un prélat, de venir de temps en temps au secours de quelques naïfs effrayés par le malin et les rassurer de sa puissance divine, parfaitement observable lorsqu'on le voyait brandir avec autorité un crucifix d’une main et agiter le goupillon de l’autre. Sorte de rituel qui avait le pouvoir de faire déguerpir le diablotin en un autre lieu.

« Preuve de l'existence des Dragons » ! Tel est l’énoncé d'un l'ouvrage parut en 1708 sous la plume d'une scientifique éminent J.J Scheuchzer et auteur également de nombreuses gravures (voir ci-dessous). Source de la gravure : Wikipédia.

Si obscurantisme aveugle les ignorants, le XVIII ème, est aussi le siècle des lumières avec l’essor d’un nouvel esprit et une nouvelle approche pour observer le monde. Avec l’expérience acquise des grands voyages d’explorations et la découverte de la fragilité des préjugés et des légendes ; la planète se visite à présent avec au moins à bord, un savant chargé de revenir avec des mesures, des échantillons, des nouvelles plantes, des nouvelles espèces, des descriptions fabuleuses, bref avec de l’inconnu à étiqueter, à classer, à décrire. Au retour, des échanges entre les savants aboutissent à de nouvelles théories favorisant l’essor des sciences et des techniques. Toute l’Europe se passionne pour les nouvelles découvertes et les nouvelles connaissances scientifiques. Et bien entendu, comme le reste de la planète, les montagnes ne pouvaient demeurer plus longtemps « hors du monde », c'est-à-dire un territoire d’ignorance et ignoré des hommes de sciences, des philosophes, des arpenteurs érudits. La phase exploratoire des Alpes débuta dans ce contexte favorable : l’exploration scientifique du fait même de son caractère intrusif ne pouvait négliger ce nouveau champ exploratoire qu’était les Alpes si loin du monde connu.

- Qui sont ces hommes par qui tout a commencé ?

Tout ce que nous savons de cette phase exploratoire des Alpes nous le devons à la littérature, pourvoyeur d’émotions, de mises en scène grandioses : littérature parfois exaltée, donnant une vision romantique et idéalisée de la nature, car si en montagne le diable perdit un peu de place, en échange certains y virent un lieu où Dieu se révèle, au plus profond de l’âme du contemplatif, dans toute sa splendeur. Le plus ancien témoignage que nous avons trouvé date de 1741, un an après la naissance d’Horace de Saussure. Voici un bref récit de ce qui est considéré par les historiens de la « découverte des Alpes» comme étant la première expédition utile à leur connaissance. - Résidant depuis plusieurs années à Genève, deux égyptologues et grands voyageurs anglais, Richard Pococke et William Windham doutant de la véracité des préjugés colportés sur le pays des glacières par les Genevois de l’époque, décidèrent de se rendre dans la vallée de Chamonix pour voir ce qu’il en était en réalité, sans omettre toutefois de prendre quelques fusils au cas où il y aurait effectivement des créatures dangereuses car on y racontait qu’on y avait vu des dragons (2). Les deux aventuriers, accompagnés de plusieurs autres concitoyens, arrivèrent au village de Chamouny, après trois jours de marche depuis Cluzes. Aussitôt, ils posèrent « plusieurs questions aux paysans pour voir les Glacières : Ils dirent que « seuls les chercheurs de cristaux et les chasseurs de Bouquetins y allaient », que les visiteurs se contentaient de qu’ils voyaient de la vallée. Et malgré, qu’on les eût « dissuadé d’aller plus haut », ils désirèrent pour le lendemain « entreprendre de monter la montagne ». Le lendemain, enfin, « après quatre heures trois quarts de marche très pénible, nous nous trouvâmes au sommet de la montagne, d’où nous jouîmes de la vue des objets les plus extraordinaires... De là, nous avions une pleine vue de la glacière... La description que donnent les voyageurs des mers de Groenland me paraît s’en approcher le mieux... Plus haut que là où nous sommes... Les rochers arides et escarpés s’élèvent d’une hauteur immense, ressemblant en quelque façon à des bâtiments d’architectures gothiques... La neige reste toute l’année, et nos guides nous assurent que les chamois, ni les oiseaux, n’allaient pas jusqu’au sommet... Nous descendîmes, moitié en tombant, moitié en glissant… Nous fûmes sur la glace… Nous trouvâmes une quantité de fentes infinie, nous en pouvions enjamber quelques-unes... Nos guides… Comme, dans tous les pays ignorants, on est assez superstitieux, ils nous firent plusieurs contes ridicules de sorciers, etc… ». Le texte se poursuit en donnant divers conseils pratiques aux prochains visiteurs, y compris les instruments scientifiques à emporter pour faire des relevés. De ces recommandations aux voyageurs, viendrait le premier guide touristique sur la vallée de Chamonix. (3)

Après le Voyage au pays des glacières de Richard Pococke puis de Pierre Martel, "monter la montagne du Montanverd" pour observer les glacières deviendra l'objectif principal de nombreux voyages touristiques aux prétextes quelques fois scientifiques. Car il n'était pas mauvais de faire des expériences et revenir avec des théories sur l’apparition des glaces ou l'origine des montagnes : source inconnue de l'auteur)

L’Année suivante, fort des conseils de son prédécesseur, le mathématicien, Pierre Martel, fit à son tour avec quatre autres personnes un voyage d’observation des glacières de Chamouny avec l’intention d’observations scientifiques. D’ailleurs, son récit, dans lequel il fait état de son travail, commence par plusieurs pages d’assommantes énumérations de données. Ainsi dès le premier paragraphe nous pouvons lire : « Avant de partir, nous fîmes l’expérience du baromètre, qui s’éleva à la hauteur de 27 pouces, dans un cabinet, et qui s’était trouvé, au niveau du Rhône, à 27 pouces 2 lignes, et le thermomètre à 18 degrés au-dessus de la glace »... On comprend que l’histoire de l’alpinisme a vite oublié la relation de Monsieur Martel. Pourtant on lui doit la première carte des glacières de Chamouny et des descriptions au-delà des chiffres, bien plus expressives et bien plus inspirées que son prédécesseur.

Magnifique illustration de Itinera Alpina de J.J Scheuchzer - Le Pont du Diable - Source de la gravure : Wikipédia.

Nous avons retenu peu de citations du voyage de Martel. D’abord une description : « L‘on voit… s’élever une grande quantité de pointes d’une hauteur prodigieuse… La plupart de ces pointes sont toutes couvertes de glaces, depuis du sommet jusque dans les gorges… qui forment la vallée des glacières... La montagne où l’on monte pour voir la vallée de glace a trois noms : la partie de l’orient est nommée le Montanverd, celle du milieu, Les Charmeaux et celle du côté du couchant, La Blaiterie ».

Une des plus anciennes représentations réalistes du prieur de Chamouni avec en arrière plan, le Glacier du Bois, qui deviendra La Mer de glace. Photographie de l'œuvre originale exposée au musée alpin de Chamonix.


Si à partir du XVIII ème siècle, la montagne a pu être mystifiée, les gravures et les tableaux eurent d'abord le souci de montrer les alpes avec une rigueur scientifique qui contraste avec le message romantique : seuls les premiers plans étant travaillés pour évoquer d'enchantement de l'observateur face à la magnificence naturelle de la haute montagne. - " La conquête des Alpes " a d'abord été esthétique, comme le montre le peintre suisse Caspar Wolf à travers son œuvre remarquable (1735-1783). Photographie de l’œuvre intitulée Le glacier de Lauteraar : source Wikipédia.

Pour ce qui est des contes, des croyances et des légendes, Monsieur Martel n’a pas oublié d’en rapporter quelques phrases : « Les habitants… disent que ces vallées de glace ont été autrefois habitées et qu’il y avait un très bon nombre de maisons, mais qu’une fée qui présidait sur le pays, ayant reçu quelque mécontentement des habitants, les maudit et que, depuis, leur pays a toujours été couvert de glaces... Ils disent que ces montagnes qui se nomment souvent Maudites, sont les habitations des démons, des sorciers et des esprits immondes que les prêtres exorcisent et relèguent dans ces lieux inhabités ».

Il faut savoir que la glace était confusément comparée à la végétation, qu’elle était comme une mousse produite par la terre. Et cette végétation n’ayant aucune utilité, rendant même la vie impossible, il n’était pas du tout étonnant d’en expliquer la présente suivant une logique diabolique. Pour ce qui est de la contemplation, Martel sut aussi s’en expliquer. Le rationalisme des hommes de science s’ils concevaient le monde suivant une complexité logique observable, ils pouvaient aussi mesurer la valeur de l’âme par sa complexité émotive, qui elle, ne pouvait pas être tout à fait naturelle. Il y avait une part divine en nous dont il n’était pas superflu de rapporté aussi. C’était de la relation entre le monde et l’humain, qui se concevait en tout, sauf en un animal, si ce n’est lorsqu'il est possédé. « C’est un spectacle aussi admirable qu’extraordinaire de voir partout les inégalités qui s’élèvent au-dessus de ces voûtes… et qui paraissent du plus beau cristal du monde, réfléchissant une infinité de belles couleurs, comme si l’on regardait tout autant de primes qu’il y a de branches de glace… Nous eûmes beaucoup de plaisir à contempler les objets de toute part, c’est une chose admirable de voir tout ce que nous prenons pour la haute montagne… En un mot, si nous eûmes beaucoup de peine à gagner la cime de cette montagne, nous en fûmes largement dédommagés par la plus belle vue qui puisse s’offrir aux yeux ».

Cette photographie est intéressante car elle montre que les gravures qui les précédaient étaient réalistes, celles qui montraient que les glacières étaient accessibles aux dames en robes longues. Noter les marches taillées pour l'aisance du touriste : source du document, inconnu de l'auteur.

Suite aux récits de ces premiers explorateurs dans les contrées mal connues des Alpes, suivi un mouvement de curiosité pour les différents aspects de la nature en montagne ; mouvement qui a amené bon nombre de naturalistes, de savants, de cartographes, mais également des artistes et des poètes attentifs aux agitations intérieures provoqués par le spectacle de la nature. En effet, l’exploration des Alpes aura deux grandes motivations : la science et « l’art de la contemplation » : ce binôme logique indissociable que l’on imagine un peu systématiquement « allant de différence ». Mais il suffit de lire leurs écrits pour se rendre compte que les scientifiques sont les premiers contemplatifs de la nature et ce sont eux qui magnifieront avant quiconque, la montagne ; et cela, dans un style des plus romanesques. C’est peut d’être même par cette voie s’est naturalisé l’alpinisme.

Parmi les voyageurs célèbres qui ont célébré les Alpes dans leurs écrits et qui ont tant fait pour le tourisme dans les Alpes, citons C Gessner, (4) J.W.V Goethe (5), M.T Bourrit (5) et J.J Rousseau (7). Sous la plume de ses hommes d’esprit, en quelques jolies phrases, d’un coup les monts affreux et les monts maudits prirent de la beauté, prirent de la lumière : en un mot de la divinité. Car nul ne doute que si la science a défait des mythes, tuée les dragons dans l’œuf, dans les têtes, la littérature et les récits en ont installée d’autres dans les cœurs. En 1761 dans Julie ou la Nouvelle Héloïse et plus tard dans Les rêveries du promeneur solitaire, Jean-Jacques Rousseau a dépeint magnifiquement les lacs de montagne, et ses compositions abstraites firent le tour de l’Europe. Combien de voyageurs, après l’avoir lu, s’être ému de la beauté de sa syntaxe, sont-ils venus sur les rives du lac de Genèvre voir les montagnes blanches influencés par ses descriptions magnifiques de Jean-Jacques de la campagne suisse, mais autant que mystificatrices puisqu’en réalité, il a parlé des montagnes que pour en dire du mal, vu qu’il les aimait guère.

Un sommet souvent oublié des historiens. Le Sommet du Buet dont la première ascension connue date de 1770, fut s'en doute la première course classique de la vallée de Chamouni : source gravure inconnue de l'auteur)

Il n’est pas question de faire ici une anthologie de la littérature alpine, mais, nous ne pouvions pas, non plus passer sous silence l’influence des écrits quant à la popularisation des montagnes et l’avènement du tourisme contemplatif (8). D’autant que la découverte de la dimension symbolique et mystique de la montagne ont inspiré plus ou moins consciemment des centaines de récits - de voyages et d’ascensions - autant que les œuvres graphiques qui depuis l’origine de la culture, à l’art de métaphoriser et mystifier la représentation de l’objet dont sa fonction primordiale est de fonder la mémoire historique de la communauté qui la reçoit. Mémoire historique plus ou moins corrompue, justement de cette mystification qui a durée deux siècles, comme nous le verrons de-ci, de-là, en particulier au chapitre nommé : L'Âge tendre de l'Alpinisme. En effet, si la montagne est prise comme une allégorie du courage : toutes les descriptions de celle-ci tendront à magnifier cette vertu et l’homme qui en use. Alors que si elle est prise pour une allégorie du mal, toutes les descriptions tendront à la montrer comme un effroyable enfer glacé d’où l'on ne revient pas.

D’ailleurs, à lire, ces deux exemples, on pourrait les objecter, en nous faisant remarquer qu’il n’y a pas de réelles contradictions en ces deux « allégories » car effectivement, elles se complètent en apparence. C’est seulement que la différence est spirituelle : l’une maudit la montagne et l’autre la bénit. En conclusion suivant d’autres termes, nous voulons montrer que même si le rationalisme puis le matérialisme portaient à montrer la montagne comme elle était, débarrassée de ses monstres au profit de la connaissance objective de sa nature, il n’en est pas moins vrai que dès lors l’homme moderne s’intéressa aux montagnes, très vite ont cohabité bon nombre de représentations mystificatrices, intellectuellement construites sur mesure pour expliquer et justifier la conquête physique des montagnes, autrement que par le vrai mobile. - Est-ce des mensonges délibérés ? - Non bien sûr, un mensonge c’est lorsque l’on veut cacher la vérité. Là l’homme s’est fabriqué des vérités comme il l’a toujours fait pour accomplir des actes « inutiles et absurdes du point de vue des nécessités élémentaires à la vie », cependant des actes nécessaires à une dynamique historique et collective dont chaque partie n’avait pas toujours conscience, voire même pas son aval. Il suivait le mouvement général mais avec ses motivations propres qui semblent être le vrai moteur de se qu’il a accompli. Mais peut-être que l’on va trop vite à prétendre cela.

Les représentations des Alpes de cette époque sont remarquablement réalistes, au plus juste de la réalité. Il faudra l'alpinisme pour donner une représentation de la montagne plus romanesque.

    • (1) Le duché de Savoie est un ancien fief féodal du Saint-Empire romain entre les XVe et XXIXe siècles avec pour capitales Chambéry (1416-1563), puis Turin (1563-1713). En 1416, le comte de Savoie Amédée VIII obtient de l'empereur l'érection en duché (1416). Il correspond à l'ensemble des territoires obtenus par la maison de Savoie depuis le XIe siècle, appelés également les États de Savoie. Le duc obtient le titre et le royaume de Sicile en 1713, puis doit l'échanger contre le royaume de Sardaigne en 1720. En 1860, le duché de Savoie est obtenu par le Second Empire, les territoires le composant sont partagés entre la France et l'Italie. (Note Wikipédia).

    • (2) Les dragons. Dans l’ouvrage « L’état et les délices de la Suisse » de Johann George Altmann paru en 1730 consacre un chapitre aux témoignages relatant l’existence des dragons dans divers lieux des Alpes. Qu'en à la théorie sacrée de la terre, titre de l'ouvrage où l'on apprenait vers à la fin des années 1600, que la terre était creuse et remplie d'eau qui en s'échappant créa les océans et les montagnes par accumulation de débris de charriages, on la doit à Thomas Burnet.

    • (3) L’exploration des Alpes, puis « la conquête » de ces lieux inconnus, a été d’abord l’affaire des hommes de science ou assimilés. Ou, pour être plus nuancé : L’homme de science a avant « toutes conquêtes » révélé au monde la montagne, à l’exemple du marin Christophe Colomb a révélé au monde l’Amérique comme aucun découvreur avant lui.

    • (4) Johann Wolfgang von Goethe est venu dans les alpes à l’occasion de son « Grand Tour » vers Italie. Le Grand Tour était un long voyage obligé effectué par les jeunes gens de bonnes familles destinés à de hautes carrières, ou à des jeunes gens « oisifs » issus de l'aristocratie cultivée en particulier britannique et allemande. Très en vogue au XVIIe siècle et surtout au XVIII siècle, ce long voyage qui pouvait durer un an, était destiné à parfaire leur éducation « en tout domaine », après ou pendant leurs études, qui alors étaient fondées sur les humanités grecques et latines. Les destinations principales étaient les grandes villes d'Italie, mais le voyage passait aussi part les Pays-Bas, l'Allemagne, la Suisse et la France, que le jeune homme parcourait en partant et en revenant dans son pays, toujours accompagné d’un tuteur. Après la révélation des Alpes aux XVIIIe et sa magnificence, séjourner dans le pays des glacières et monter à la « Mer de Glace » devint un exercice nécessaire à toute bonne éducation, ce qui a eu pour effet de susciter quelques passions chez quelques jeunes gens de la haute société de l'Europe du Nord et certains y sont revenus faire des ascensions. Parmi ces jeunes voyageurs connus qui ont écrit sur la montagne : citons Alexandre Dumas, George Sand.

    • (5) Conrad Gessner (1516 – 1565). Botaniste suisse, professeur de philosophie naturelle, il est l’auteur d’un ouvrage célèbre dans lequel il relate l’ascension du Mont Pilatre : montagne maudite qui domine le lac des quatre Cantons selon les affirmations des bergers, affirmations qui le laissaient septique. Il fit de nombreuses excursions dans les montagnes suisses donc les objectifs étaient d’atteindre des sommets. On lui attribua cette affirmation : « Les plaisirs les plus élevés et les délices les plus vifs de tous les sens sont ceux que procurent des promenades en montagne en compagnie d’amis ».

    • (6) Marc-Théodore Bourrit : Le premier ouvrage pratique connu qui pourrait passer pour le premier guide de randonnée de la vallée, parut en 1772 sous le titre de Voyage Pitoresque aux Glacières de Savoye à simplement été signé Mr B.

    • (7) Jean-Jacques Rousseau qui a tant fait pour le tourisme en suisse, n’a pas glissé une seule ligne sur la majesté des sommets enneigés qui pourtant faisait partie du décor qui a sublimement chaviré son âme délicate. La montagne, la vraie, il la méprisait bien qu’on entendait que oraison pour elle dans ses écrits. Certainement une méprise né du mensonge de la littérature car telle est son office.

    • (8) Tout semble indiquer que le beau est une sorte de vérité culturelle et non pas une vérité en soi. En effet, durant longtemps, les récits des premiers voyageurs revenus rendre compte de leur séjour au pays des glacières, nous disait que ces régions étaient laides et inhospitalières : puis avec la montée du romantisme, en un rien de temps, « la montagne des neiges » devient le lieu où « les émotions sont les plus vives »… Où : « ces choses-là ne ressemblent à rien de ce qu’on voit ailleurs dans la nature, une foule d’idées neuves et grandes entrent à la fois dans l’âme et la transforme en mouvement ». Citation issue de : Voyage Pitoresque aux Glacières de Savoye de Mr B, de son vrai nom : André César Bordier.