2014 - du neuf à la Drei Zinnen

Introduction : ce texte a d'abord été posté sur le blog du club qui a effectué la reprise du circuit bleu et créé le circuit orange. Le but était de présenter et aussi de raconter comment et pourquoi nous sommes venue à entreprendre ce chantier de réfection du circuit bleu qui s'est avéré plus compliqué et plus long que peut le laisser croire le circuit, maintenant qu'il est achevé et que son cheminement apparaître évident aux grimpeurs. Le faisant, comme d'habitude, non sans humour, nous avons profiter de cet écrit plein de rebondissements pour remercier nos infatigables détracteurs, qu'ils n'ont pas su en dépits de leurs efforts courageux, nous convaincre de renoncer à cet autre projet, de créer en parallèle un circuit orange, qui d'avance devait être sans avenir du fait du traditionnel refus catégorique de l'administration de l'ONF qu'il y ai un nouveau circuit dans les Trois Pignons... Mais, en réalité ça a été facile de travailler avec l'ONF, nous les avons rencontré, sans passer par ceux qui auraient fallu d'où les battons dans les rayons, et en quatre jours seulement, après avoir présenté sur le tas le projet, nous avons obtenue l'autorisation officielle de créer le circuit orange. Un record .

Le saviez-vous ?

Il n’est pas facile d’écrire une annonce… Qui annonce que grâce l’action d’un groupe de volontaires, un circuit a été rénové et qu'il est à présent ouvert à tous. J’ai essayé, voulu faire de l’emphase sur la beauté du dévouement, flatter la belle action des volontaires, faire des amabilités aux partenaires doués de conseils avisés, et enfin remercier les courageuses bosseuses et courageux bosseurs anonymes qui ont travaillé d’arrache pied pour qu'on ait quelque prises propres à se foutre sous la main… Mais très vite, j’ai abandonné faute de méthode, d’originalité, étant incapable de dépasser plus de deux phrases de banalités endorphines, sans m'endormir sur mon brouillon. Puis un jour je suis tombé sur une œuvre, celle d’un maître de l’annonce, et ça été l'inspiration.

Pour commencer, j'ai découvert qu'une bonne annonce doit d'abord commencer par une pique acerbe envers des personnes qui veulent bien la prendre pour eux : probablement des méchants râleurs jamais contents. On peut car on est entre personnes biens. Et comme en plus, il est bon de contracter l'image mise en relief, il ne faut pas hésiter à pousse les blancs en opposition à la noirceur des vaniteux qui se mettent en lumière en disant bien fort du mal sur le dos des autres. C'est à dire, sans en avoir l'air, on s'adresse à ceux qui viellent depuis qu'ils sont né, sur la bonne marche de Bleau, et qui savent, lorsqu’ils sont de bonne humeur, contenter les humbles travailleurs de beaux compliments. Un peu comme un muletier donne une carotte à son âne pour le faire avancer. Pour se faire, en somme pour les encourager les gentils à avancer comme des mules, on vante le caractère véritablement désintéressée de cette initiative collective ; on se félicite de l’organisation irréprochable, et on évoque le mérite des participants dont il n’est pas mauvais d’en faire une liste participants longue comme le bras d'un brosseur... Si possible une liste interrompue par des points de suspension pour donner l'impression que les participants étaient trop nombreux pour qu'on puisse les nommer tous. Et pour terminer, une bonne petite formule de politesse digne d’un prélat romain qui s'adresse à sa troupe. Voyez plutôt : Que tout ces gens en soient remerciés.... Car c’est ainsi que l’on écrit quand on veut faire savoir, que celui qui tient la plume, est le véritable instigateur de cette belle initiative, le chef paternaliste qui met ses compétences et sa modestie au service de tous. En tout cas, vu le niveau, haut dans l'azur, j’espère que je saurais être moi-même à la hauteur de ces basses flatteries...

Voici à présent le récit de notre petite entreprise à la Drei Zinnen, à la mode de " c'est nous " ...

« Malgré l’esprit chagrin de ceux qui ont prédit qu’on n’y arriverait pas, nous sommes heureux de vous annoncez l’achèvement de la réfection du circuit Bleu de la Drei Zinnen, ainsi que la création d’un circuit orange que tout le monde attendait sans oser le demander »... Voila pour l’intro avec son sous entendu indispensable qui montre qu’on n’est pas des rigolos. Je continue « Pour parvenir au bout du projet, il nous a fallut pas moins de trois années de labeur : la mousse, le froid, la pluie et la chaleur ayant considérablement compliquées l’avancement des travaux. En effet, on ne compte plus les épaules démises, les coudes meurtris, les pleurs de découragement à brosser les innombrables voies, parfois fortement acrobatiques et dangereuses à nettoyer. Mais au bout de toute cette peine, quelle récompense pour nos forças de la brosse métallique et du pinceau n°4, de voir se dessiner le rictus d'une vive satisfaction sur les visages crémeux de leurs frères ».

On remarquera les superlatifs et les flatteries politiciennes qui semblent nécessaires à tout bon compte rendu de chantier. Cependant, je crains de ne pas en avoir fait assez. Véritablement, il faut que je sois moins timide, plus l’air satisfait de ce que nous avons accompli pour le bonheur des autres. Aussi je continue de plus belles : « Tout ces travaux, forts nécessaires et complétés d’un nombre considérable de voies nouvelles, ont fortement embelli les lieux et rendu plus attrayant l’escalade. En toute modestie, amis les travailleurs, accordez-moi le le plaisir de vous remémorer la genèse de notre belle aventure : Vous ne le savez peut être pas, mais j'ai un ami qui se nomme Jean Yves et c'est lui qui en a eu l’idée. Et si on faisait au club une action peinture, a-t-il lancé à son auditoire qui a répondu immédiatement : Pourquoi pas, c’est une magnifique idée ; et Pierre Président, notre guide à nous, voyant s’enflammer de bonheur les visages de ses administrés, a déclaré d’une voix de prophète : Ok, on y va ! On se l’organise cette journée de peinture à Bleau. C'est de là qu'est né l'impatience de nos licenciés d'en découdre avec les éléments hostiles... Cependant, même l’accomplissement d’une belle œuvre, impose quelques devoirs mondains. Par exemple de consacrer quelques cierges à l’autel des églises locales... Là, Je vous épargne les détails de mes requêtes auprès du service de l’état, gestionnaire de la forêt, et de mes suppliques auprès de l’organisme détenteur des sous… Mais au bout du compte, ça s’est passé plutôt bien. Car contrairement à ce que laissait envisager l’épouvantable description que l'on nous fit des ogres de la forêt. Après une visite cordiale avec l’agent responsable, pas si méchant que ça, l’ONF a sans tardé, acceptée le projet d’un nouvel orange dans les Trois Pignons. Comme quoi, ce qui se dit, et la vérité, ce n'est parfois pas pareil. Mais par contre, pour l'aide financière, ça a été beaucoup plus long et compliqué. Si bien que j'étais à deux doigts de me foutre en bas du haut du viaduc des Fauvettes lorsque, le Cosiroc consentit, après mures réflexions à la vitesse du oui contrarié, de prendre à son compte le coût de la matière d’œuvre. Comme quoi, même les personnages placés tels les Dieux de l’Olympe, haut dans l’azur, peuvent de temps en temps écouter nos humbles prières ânonnées avec ferveur ».

Noelle dans le 14 orange : L'Angle Effet.

Là d’accord, j’ai un peu exagéré, mais il faut voir que certains mécréants avaient prédit un silence éternel du côté des responsables en chef de la forêt : nous aurions eu tord d'écouter une fois de plus de trop, les pessimistes du Web. Maintenant pour clôturer l'article, distribution des bonbons au miel. Et à moi l’honneur de les donner, c'est un des avantages de celui qui tient tient la plume, il se donne ainsi une sorte de posture en élévation par rapport à ses comparses... En effet, Bien qu’il n’y ait pas eu à proprement parler d’instigateur unique, de chef de projet, pour conduire ce chantier, comme c'est moi qui écrit et qui distributif les gâteries en récompense, immanquablement, on pensera que j'en étais le conducteur bienveillant : « Durant toute la durée des travaux, l’ambiance a été bonne, plaisante et sans fatigue nerveuse, aussi je dois remercier sincèrement tout nos amies : Yann, Brigitte, Philippe Premier et sa compagne qui est venue malgré sa blessure au genou, Philippe II et sa brosse spéciale en courbe pour les coins difficiles, Pierre notre président de club adoré, Pascal, Catherine, Sandrine; ainsi que la grande Catherine mon petit amour pour de rire, Emmanuel, Nathalie, Pascale, Sandra, Sébastien, Nico et j’en oubli. Bref un vrai bataillon de brosses et de pinceaux qui a su comme un seul homme, travaillé avec le souci de perfection en totale harmonie avec l’objectif commun : Développer mais durablement ». Je précise cela, car j’ai remarqué qu’il n’y a pas de bon projet, sans placer quelque part développement durable. Car sans ces deux mots magiques, vous ne pourrez être pris au sérieux, pas une attention ne vous serra accordé, bien que nous ayons toujours fait, et depuis fort longtemps, du développement durable sans le savoir. En somme, avant même que l’expression fut inventée par quelques savants technocrates qui ont apprit dans les grandes écoles à réfléchir. C'est pourquoi que tout va bien pour le mieux chez-nous...

Maintenant, je vais ajouter une note personnelle, un bel remerciement aux gens de bonnes intentions que nous avons invité à appliquer sur le terrain leurs fameuses bonnes théories sur le bien faire. Car ces gens là, on les adore plus que Dieu, le père des eaux. Mais hélas, être sur le terrain est une épreuve qui exige des sacrifices qui peuvent provoquer, même chez les plus vaillantes volontés, des fatigues immenses et inopportunes avant même de pouvoir y consacrer une minute. Ce mal est puissant comme un Hercule, et nos invités y ont succombé, comme on succombe d’une fièvre subite à la vue d'une rimaye béante. Ce n'est pas de chance ! Mais qu’ils soient assuré de notre compassion, qu’en au mal terrible qui a stoppé leur élan... « Oui, que tous ces gens en soient remerciés » .

A présent, comment nous est venue l’idée de reprendre la bleue de la Drei Zinnen, puis comment nous en sommes venue au projet de créer un orange en parallèle ? Rien de spontané en réalité, pas d’idée préconçue, mais une simple somme de petits hasards qui nous a conduit à y songer. La première fois que Philippe m’a parlé de reprendre le bleu, c’est après qu'il ait fait le constat que de la piste bleue de Jean Pillot, seules quelques lignes classiques étaient encore praticables que le reste était soit perdu sous la mousse ou soit délaissé car insuffisamment intéressant. Sur son invite, nous avons fait un petit tour sur le site pour faire de visu le recensement des possibilités de nouveautés qui pourraient remplacer les voies boudées, et nous revînmes découragés car nous en entrevîmes très peu. En réalité, nous n'avons vu aucune possibilité d’évolution.

Puis un an plus tard, Pascal, un ami de toujours,brossa quelques lignes « faciles » en début de circuits pour notre rallye annuel et c’est là après en avoir vu d'autres à brosser, que nous découvrîmes qu'il y avait peut-être assez de possibilités pour créer un bel orange. Mais étudier le tracé d’un orange sans refaire en même temps le projet d'un nouveau bleu, nous semblait illogique. Aussi, nous sommes revenus avec une échelle et nous avons commencé à chercher, brosse en main, s'il n'y aurait pas quelques nouvelles lignes cachées sous les lichens, donc quasiment invisibles à nos yeux. Et en bilan de cette patiente exploration, nous en découvrîmes bien plus qu'il nous en avait apparu au premier abord, alors qu'elles peuvent paraître évidentes aujourd’hui, une fois bien dégagées du lichen et de la mousse. En effet, nous fûmes vraiment surpris d’en découvrir un bon nombre, alors que nous n'en avions quasiment pas vu quelques mois auparavant.

Longtemps plus tard, une fois les pistes en projet quasiment mises au point et les voies prêtes à être grimpées, bons nombres de grimpeurs et de grimpeuses, de notre club le plus souvent mais pas seulement, les ont testées. Puis une fois réétudié, nous avons envoyé le projet global aux divers membres des deux commissions circuits concurrentes : la SNE et le Cosiroc, dont nous espérions un soutien, et pas moins qu'un encouragement. Oui nous avons envoyé à chacune des commissions notre projet afin qu’ils aient la possibilité de faire leurs suggestions et donner leurs avis conformément à leur souhait émis par écrit. Mais voilà, comme les fois précédentes, nous n’eûmes aucun retour d'aucune manière que ce soit. Et après, on s'étonne qu’on ait fait sans eux, en individuel. Il ne faut pas exagérer ! Puis vint le moment de la concrétisation, j'ai parlé directement du projet au responsable de l'ONF, puis en moins de vingt heures après notre visite sur le terrain, nous eûmes une réponse positive de l’ONF, pour la création d’un nouveau circuit orange. En trois jours, nous avons reçu l'autorisation officielle, alors que nous n'avions rien obtenue durant des années par la voie "officielle".

Ensuite, sans attendre, ce fut l’appel aux volontaires pour effectuer la peinture et en deux après midi, les deux circuits furent matérialisés : travail propre et sans bavure. J’avoue avoir été complètement sidéré par la vitesse d’exécution de nos artistes qui ont effectué tout le boulot en autonomie complète après avoir assimilé, en trois cuillerées à pot, les quelques conseils d’usage. Un œil exercé découvrira cependant, quelques différences de style. Un littéraire, si j’ose dire avec des trois tout en volute, et un autre, plus cartésien, en un mot scientifique avec des trois tout en barre et en demi-lune.

Il faut reconnaître que nous avons tous travaillé dans la joie avec le souci en tête de respecter le milieu naturel : donc pas de coupe d’arbre sauvage, pas de destruction de balcon boisé pour deux voies de plus. Oui nous avons « travaillé en totale harmonie avec ces objectifs communs : perfection et développement durable ». Obligés, car comme nous l'avons déja dit, sans ces deux mots magiques, aucun projet ne peut être sérieux, mais si ce que se fait est plus destructif que durable, voir pas durable du tout, au point que l'on se demande c'est quoi le développement durable... Continuer pareil à bousiller la la planète et la vie avec...

Texte publié sur le bloc du club d'ASL en Août 2015.


Noelle encore dans un autre angle plus difficile même si moins vertigineux : Le Râteau - 29 orange.


Ci-dessous quelques jours avant. Sans cette opération des peintres en piste si critiquée parfois, il n'y aurait ni 29 or, ni 14 or : bref pas d'orange du tout...

Observer la technique de la peintre en piste pour une bonne précision du geste : appuis mains croisées sous le poignée actif, le petit doigt sur le rocher... et avec la patience de bien faire et un pinceau d'artiste vous obtenez au pire cela en 45 secondes en moyenne...