2016 - Quelques souvenirs

Jean Pillot

Souvent, on parle de ses bons souvenirs en pensant aux mauvais, à ceux qu'on tait parce qu'ils sont plaint de souffrances. C'est l'impression que j'ai eu en lisant son évocation de son passé de Bleausard en tant que créateurs de circuits impliqué aussi à leur maintenance...

Retour au Sommaire

Pourquoi, ces quelques souvenirs ?

Pour le peu que l’on fasse attention aux créateurs des circuits que l’on parcourt même partiellement, revient fréquemment le nom de mon ami Jean Pillot. Il serait fastidieux de lister tous les circuits qu’il a sauvés de la disparition ou créés dans de nombreux sites du Grand Fontainebleau, tellement qu’il en a fait. Peut-être, serez-vous surpris d’apprendre qu’on lui doit, entre autres, les circuits de la Ségognole, les circuits orange de Hautes Plaines et d’Isatis, et les circuits jaunes, orange, bleus et rouges du côté de Loutteville au Rocher du Duc. Parmi toutes ces créations, une de mes préférées est le circuit Bleu de Franchard Sablons, un circuit tout en finesse et très homogène. Il y a peu, nous nous sommes rencontrés, après de nombreuses années sans que se soit présentée cette belle occasion. Et au cours de notre conversation passionnée sur la forêt qui a lieu, comme de bien entendu, lorsqu’un Bleausard rencontre un Bleausard, d'un coup je lui ai demandé s’il accepterait de nous dire, même brièvement, comment il est venu à Bleau, puis comment il en est venu à entreprendre la création de plus de deux dizaines de circuits ? « Ça s’est trouvé comme ça », m’a-t-il répondu à brûle pour point comme si cela avait été une fatalité. Puis, après un moment de silence, comme s’il avançait une évidence qui aurait pu m’échapper, il ajouta : « J’aimais bien m’occuper des circuits ». On ne peut être plus sobre pour évoquer une cause impromptue, et une conséquence heureuse. Soit en ricochet pour nous dire : voilà ce qui arrive lorsqu’on se prend de passion pour une cause, à en produire un objet de contentement. En l’occurrence, pour Jean, d’avoir aimé l’escalade et Bleau, au point de vouloir confectionner lui-même de nouvelles. Soit des centaines de nouvelles voies, en inventant des milliers de mouvements nouveaux sur de la matière toute neuve brossée. En deux mots, pousser au plus parfait sa passion pour notre plus grand plaisir. Qui s’en est plaint ? Très peu de gens, mais ce peu, plus virulent que jamais s'était déjà trop pour un homme tranquille... Alors, il fit ses adieux à ce petit monde, la tristesse accrochée à l'âme... Dans sa présentation, pas d’emphase, pas de justification, juste la retranscription d’un itinéraire tranquille et rare à la fois… Merci, Jean d’avoir répondu à mes questions.


Quelques Souvenirs, par Jean Pillot.

Attiré par la montagne, dans les années 1980, j’ai effectué plusieurs stages d’alpinisme avec le CAF dans le massif de l'Oisans. Hormis les grandes courses de neige, nos moniteurs nous initiaient à l’escalade, l’art de grimper sur les rochers et les falaises.

J’habitai à Versailles et j’ai rapidement rejoint la section du CAF local composée d’un groupe de randonneurs et un groupe de grimpeurs.

Tous les dimanches, tôt le matin, nous partions de la place d’armes du château en direction de Fontainebleau. Arrivé au début des circuits, les anciens s’occupaient des nouveaux. Nous débutions toujours sur les jaunes. Le plus dur, c’était le lendemain matin ; la levée du lit était raide, les mains et les bras douloureux.

Je pris goût au jeu, et devins même accro. Après quelques années de pratique, j’atteins les niveaux 3-4 ; ce fut ma limite.

Pour faire partager ma passion, j’ai créé plusieurs circuits PD, AD et D, toujours avec une autorisation de l’ONF dans les forêts domaniales. Aujourd’hui, mon plaisir est de les voir parcourus et entretenus par des bénévoles. Bravo !

J'ai rejoint l'équipe du COSIROC qui était à l'époque l’interlocuteur privilégié de l’ONF.

Pendant quelques années j’ai présidé la Commission des circuits du COSIROC. Au début, les rapports entre l’administration et le COSIROC étaient désagréables à cause des « circuits sauvages », balisés sans l’accord de l’ONF. Mais après plusieurs réunions entre COSIROC, ONF et AFF, Il fut convenu qu’un représentant du COSIROC siégerait aux réunions de l’ONF et des AFF et qu’un représentant de l’ONF siégerait à la Commission des circuits du COSIROC. Et les relations ce sont peu à peu améliorées. Maintenant, elles sont excellentes.

L’autre problème était celui de l’érosion créé par les grimpeurs. Depuis plusieurs années le COSIROC entreprenait des travaux de lutte contre cette inéluctable dégradation.

En 1994, il présente à l’ONF un projet de stabilisation dans les Trois pignons. Le 25 mars 1995 un grand chantier à lieu au 95,2 ; environ 120 personnes sont à l’œuvre pour construire 160 ouvrages en utilisant 20 tonnes de pavés. A la suite de cette opération, l’ONF créera la Commission érosion.

Après avoir servi, plein d’enthousiasme, avec des représentants des associations du monde de la grimpe, j’ai quitté la présidence de la Commission des circuits en 2000.

Avec le nouveau millénaire, je suis devenu amoureux de la forêt de Fontainebleau. La richesse de ses paysages, son histoire, ont fait qu’avec les Amis de la Forêt de Fontainebleau, je me suis beaucoup investi. Durant une quinzaine d’années j’ai entretenu et balisé le sentier bleu n°7, des Gorges de Franchard et des Gorges du Houx.

Après avoir découvert les mares, j’ai écris un petit ouvrage paru en librairie. Depuis 2009, je préside une commission mixte AFF/ONF nommée CCC (Commission des Carrières & des Carriers).

Son travail consiste à retrouver les vestiges des anciennes carrières de grès et l’histoire des hommes qui l’aient ont exploitées depuis le XVIIe siècle...

Un petit coucou, avec mon bon souvenir, à tous mes amis de la Commission des circuits du COSIROC - Jean.

Autrefois, peintre en piste, aujourd'hui sur le fil des sentiers à la découverte des mares.


Cliché de Jean Pillot prit durant les "grands travaux" anti-érosion à la 95.2, en 1995 organisée à son initiative durant sa présidence à la commission des circuits du Cosiroc.


Aujourd'hui, explorateur à Bleau, à la recherche de ses trésors cachés. Cliché : Jean Pillot.

Détail